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A votre bon sens

A votre bon sens

Le recueil pragmatico-politico-philosophique qu'il vous faut!


Bon sens et survie (1)

Publié par W.E. sur 7 Décembre 2015, 12:13pm

Aujourd’hui, je me sens comme Cassandre.

Aucune prédiction morbide bien évidemment, mais ce sentiment latent que ma génération est encore très loin d’imaginer ce qui risque de lui tomber dessus dans les années à venir.

J’ai le sentiment, comme beaucoup de mes pairs, de n’être qu’un simple pion sur un échiquier géant, vulnérable et impuissant. Mais tout de même conscient de ce qui va advenir de lui.

Car l’innocence n’est pas autorisée si l’on veut survivre.

C’est pourquoi, pour me donner l’illusion d’avoir le contrôle de ma vie pendant un cours instant, je suis partie une semaine en stage intensif de survie.

Si je partage cette expérience ici, ce n’est bien sûr pas pour m’exposer, mais pour partager des réflexions et des conclusions issues de ces quelques jours. Qui pourront peut-être servir à d’autres, qui sait…

 

Ainsi, commençons par le commencement.

 

Jour 1 : Samedi matin 8h00

 

Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit ou presque. Forcément. Quitte à entamer cette épreuve, autant se rajouter quelques difficultés supplémentaires.

Enfin, nous voilà à la boulangerie du coin avec les autres masochistes de la semaine, qui seront tour à tour nos alliés, nos ennemis, nos soutiens ou de simples traîtres. La vie quoi.

Les premières consignes et indications sont fournies par nos deux instructeurs.

Première étape, déjà épique, faire les courses pour la semaine. Sachant qu’il faudra tout porter lors de nos divers déplacements en milieu hostile.

Objectif n°1 donc, faire dans le léger (en poids), le sucré, et le consistant, histoire de tenir la route (dans tous les sens du terme).

 

Courses faites, nous voilà partis pour notre premier camp.

Au programme, faire du feu (enfin, dans mon cas, essayer de faire du feu…), faire du sport, prendre des notes (sur nos besoins vitaux, sur le camouflage en milieu naturel…), devenir égoïste et parano, dormir quand on peut, manger quand on peut et faire nos besoins quand on peut.

Nous partons de suite sur des bases très militaires. C’est surprenant. Je m’attendais à de la pédagogie et je termine par terre à faire des pompes.

 

 

Mais le but est clair, il faut que l’on soit lessivés dès le début. Mise en difficulté directe pour tester la psychologie de chacun et évaluer nos personnalités. Malin comme procédé, une façon efficace de faire du profilage en très peu de temps.

Instructeur n°1, derrière ses lunettes de soleil, observe tout et tout le monde.

Et moi, je suis un foutu livre ouvert. En situation de survie, je serais morte en 30 secondes.

Paradoxalement, cette prise de conscience m’a mise dans un état de nerfs incroyable.

Pourquoi me permettre de venir dans ce type de stage (j’étais la seule fille présente) si c’était pour m’indiquer grossièrement que je ne ferais pas un pli dans cette situation ?

Hein, non franchement ?

Je resterais sur ce sentiment jusqu’au surlendemain soir (c’était long…).

Le temps que le bon sens revienne au galop…avec quelques réponses aussi.

 

Dans l’après-midi, nous avons tous vidé nos sacs, littéralement parlant.

Les contenus de ces derniers étaient plutôt cohérents chez tout le monde : duvet, bâche, gourde, corde, couteau, couverture de survie, kit de survie, soupes lyophilisées, riz, lait concentré (en grande quantité), vêtements de rechange…et lingettes pour bébé, histoire de compenser un peu la douche, ou pas !

Bref, le parfait sac du parfait aventurier.

Qu’à cela ne tienne, en 10 secondes il nous a fallu récupérer 3 objets dans nos sacs respectifs, sachant que certains éléments avaient été préalablement mélangés par d’autres compères survivalistes.

 

Je me retrouvais ainsi avec mon couteau, mon briquet et ma couverture de survie. Wouh ! Balaise, il me manquait plus que le contenant et j’étais bonne pour respecter la règle des 3C.

En effet, tout bon randonneur se doit d’avoir toujours sur lui un contenant (pour l’eau), un objet coupant et un élément couvrant.

Bref, j’étais satisfaite. La bonne élève que je suis s’est dit immédiatement que j’allais gagner des bons points avec ma récolte. Naïveté quand tu nous tiens. Instructeur n°1 se fichait bien de ce que j’avais pris dans mes trois objets, enfin presque.

J’ai eu le droit d’échanger mon feu contre mon duvet car le soir même…nous n’aurions pas nos sacs mais seulement les trois pauvres objets posés devant nous.

J’avoue qu’au début, j’ai eu un moment de flip complet. Mais très vite, l’humour de la situation m’a rattrapée. Je me suis dit, ça y est putain, on va vraiment faire Koh Lanta cette fois !

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Je n’ai vraiment saisi l’enjeu de cette première épreuve que lorsque l’un des gars présents a demandé à partir…Et moi, « déjà ??? ». Le con, il a mis un coup à tout le groupe avec son départ! Mais c’est vrai que sur le moment la situation paraissait très tendue. Le peur et le doute étaient largement acceptables dans ces conditions.

Et voilà que l’on remonte nos sacs dans les véhicules et que l’on repart plus légers en bordure de lac pour passer la soirée et la nuit, le tout en mode TAC-QUE-TI-QUE of course. Comprendre planqués quoi.

Cinq poulets massacrés plus tard, nous voilà tous autour d’un feu de joie, en train de savourer nos aiguillettes, dans une ambiance festive, tout sauf discrète. Mais il fallait évacuer la pression de la première journée. Déjà, oui.

 

Ce festin dévoré, Rak et moi partons en mission « trouver un lieu caché pour dormir ». Nous tombons sur un dôme de ronces et de branches parfait, accessible seulement en rampant.

Le terrain était en pente mais nous n’avions pas vu le problème avant de nous coucher dans nos duvets un peu plus tard. Un cauchemar. La nuit de merde. Froid, glissade permanente, accrobranche toute la nuit pour essayer de trouver une position convenable et espérer 3 minutes de sommeil, même paradoxal.

Bref, le lendemain matin j’étais ultra fraîche. Mais on ne nous avait pas trouvés pendant la nuit, c’était déjà ça.

Bon sens et survie (1)
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